Clarinette ancienne

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Clarinette ancienne
Image illustrative de l’article Clarinette ancienne
Esquisse de la clarinette de basset utilisée par Anton Stadler dès 1789 et une réplique. Certains clarinettistes tournent le pavillon vers l'avant (vers le public comme pour la clarinette d'amour).

Variantes modernes clarinette moderne (système Boehm, système Albert, système Oehler...)
Variantes historiques clarinette baroque de 2 à 13 clés, clarinette d'amour, cor de basset, clarinette de basset,
Classification Instrument à vent
Famille Bois anche simple
Instruments voisins Flûte, hautbois, basson, chalumeau
Tessiture
tessiture écrite de la clarinette soprano moderne,
sonnant clarinette en si♭.
Tablature pour clarinette à deux clefs contenue dans la méthode de Joseph Friedrich Bernhard Caspar Majer (1732).
Œuvres principales concerto Per la Solennita di S. Lorenzo RV 556, et les concertos pour deux hautbois et deux clarinettes RV 559 et RV 560 (ca. 1716) de Vivaldi, Concerto pour clarinette en La majeur, K.622 (1791) de Mozart, Concerto pour clarinette nº 1 et nº 2 (1811) de Weber
Instrumentistes bien connus Johann Joseph Beer, Anton Stadler, Jean-Xavier Lefèvre, Iwan Müller, Jean-Baptiste Gambaro, Frédéric Berr
Facteurs bien connus Johann Christoph Denner, Heinrich Grenser, Jacques François Simiot, Theodor Lotz

A l'échelle de l'histoire de la musique, la clarinette est un instrument jeune inventé au début du XVIIIe siècle. Les expressions « clarinette ancienne », « clarinette historique » ou « clarinette baroque » regroupent à la fois l'ensemble des instruments créés sur la période débutant par l'invention de la clarinette à 2 clés et se terminant en 1839 par son aboutissement, la clarinette « moderne » à 17 clés et 6 anneaux (système Boehm), et également le mouvement d'interprétation historiquement informée de musique ancienne consistant à jouer des œuvres baroques ou classiques sur des instruments d'époque (ou des reproductions)[1].

Les nombreuses améliorations apportées à la clarinette ont consisté à gommer ses défauts et à rendre tempéré et chromatique un instrument tonal. Les principales évolutions sont l'association d'une anche battante ligaturée par une cordelette sur le dessus d'un bec en contact avec les lèvres au lieu d'une anche vibrant dans une boîte (capsule), la création et l'amélioration des registres, et l'introduction de nouvelles clefs.

De nombreux collectionneurs et historiens s'attachent à établir l'histoire de la famille des clarinettes historiques[2],[3],[4].

Les premières clarinettes sont fabriquées en buis ou en bois d'arbres fruitiers tendres, et leurs clefs sont en laiton.

Clarinette à deux clefs[modifier | modifier le code]

La clarinette consiste en une amélioration d'un instrument de musique à anche simple, le chalumeau, qui existe au moins depuis le Moyen Âge et qui est décrit par Marin Mersenne dans son traité Harmonie universelle, contenant la théorie, l'organologie et la pratique de la musique de son époque (). Le chalumeau définit les caractéristiques principales de la clarinette : un tuyau cylindrique en roseau ou en buis percé de trous d'harmonie et un excitateur à anche battante en roseau. Le chalumeau ne pouvait produire que les sons fondamentaux.

Clarinettes à deux clés en ut et en d'après Denner (répliques de Schwenk & Seggelke, la = 415 Hz)
Clarinette en ut de Denner - Musée de Berlin, 2ème instrument à partir de la droite.

Le mot « chalumeau » provient du latin classique calamus qui signifie roseau.

Au début du XVIIIe siècle, le facteur Johann Christoph Denner, de la guilde nurembergeoise des Wildruf- & Horndreher (tourneurs d'appeaux et de cors), effectue dans son atelier de Nuremberg pendant une dizaine d'années des recherches pour améliorer le chalumeau:

  • il réduit le diamètre de la perce du tube pour atteindre des harmoniques élevées et il lui ajoute la clef de douzième (ou de quintoiement) qui étend le registre vers l'aigu, dénommé « clairon » en ouvrant un trou percé dans le corps et placé exactement au tiers supérieur du chalumeau. Ce principe permet de basculer de la note fondamentale à la troisième harmonique de cette note, soit une quinte au-dessus de son octave (soit une douzième) ;
  • il remplace la boîte qui renferme l'anche par un bec en contact direct des lèvres sur l'anche qui permet de produire des sons harmoniques. L'anche est en contact avec la lèvre supérieure et l'embouchure ressemble à celle des anches doubles : les dents ne sont pas en contact avec le bec ;
  • pour combler les trous de l'échelle sonore, il ajoute une deuxième clef à l'instrument pour produire le la médium ;
  • il évase l'extrémité de l'instrument.

Cet instrument dispose d'un ambitus de deux octaves et une quinte, avec des notes manquantes dans l'échelle. Certaines notes nécessitent des doigtés particuliers, dits aussi « fourchus », ou un jeu particulier sur l'embouchure au niveau du bec notamment pour produire le si bécarre dans le médium. Le registre grave garde le nom de « chalumeau ».

Il existe une controverse portant sur le fait qu'il n'existe aucune preuve contemporaine que Johann Christoph Denner ait fabriqué une clarinette en 1690 mais plutôt une commande posthume attribuée à son fils Jacob Denner en [5].

À cette époque, la clé de douzième est placée sur le dessus de l'instrument[réf. nécessaire] et la clé de la en dessous. Les clefs étant positionnées au milieu de l’instrument, le clarinettiste pouvait jouer avec la main gauche en haut et la main droite en bas ou inversément. Pour le trou du fa grave utilisé par le petit doigt, le facteur pouvait soit faire un trou de trou de chaque côté, et le clarinettiste bouchait avec de la cire le trou inutile, soit le trou était sur le pavillon, et le clarinettiste le positionnait du côté de son choix.

En dépit de ces défauts (manque d'homogénéité des registres, discontinuité dans l'échelle sonore, certaines tonalités indisponibles… ), la clarinette à deux clefs se répand en Europe :

Pour jouer dans les différentes tonalités, le musicien doit disposer de plusieurs clarinettes de longueur différentes. Au début, les petits modèles de clarinette, notamment en [12], étaient usuellement construits par facilité de fabrication, puis les modèles dans les trois tonalités en la, si bémol et ut s'imposèrent; certains musiciens pouvaient utiliser jusqu'à sept modèles à l'orchestre.

La première méthode pour clarinette est écrite par Joseph Friedrich Bernhard Caspar Majer[13] en 1732 dans le traité « Museum Musicum »[14].

Clarinette à trois clefs[modifier | modifier le code]

Clarinettes avec 2 et 3 clefs (répliques)

En 1754[15], Johann David Denner (1691-1764), un des fils de Johann Christoph Denner, ajoute une troisième clef autorisant à jouer le mi grave et sa 12e, le si dans le bas du registre du clairon, ce qui lui a nécessité d'allonger également le corps de l'instrument; et il dote l'instrument d'un pavillon qui le fait ressembler à un clarino (petite trompette baroque) : le nom de clarinette, qui apparaît au XVIIIe siècle, pourrait être lié à cette trompette baroque, extrêmement difficile à maîtriser, que la clarinette pouvait remplacer dans le registre du clairon.

Sur cette évolution, la clef de douzième se prenait avec le pouce de la main droite. A cette époque, la clarinette ne dispose pas de repose-pouce pour aider à porter la clarinette et dont l'usage se généralisera un siècle plus tard par Hyacinthe Klosé avec la clarinette moderne.

« Comme pour les bassons, la grande chance de la Clarinette fut l'édit de Louis XV en transformant la composition des musiques militaires. Désormais, les hautbois étaient remplacés par les Clarinettes. Les musiques ne comportèrent plus, désormais, que des Clarinettes, des cors et des bassons, auxquels pouvaient s'ajouter éventuellement des petites flûtes. Cet ensemble, automatiquement adopté par les loges maçonniques françaises, où la musique militaire était de rigueur, allait bientôt s'y voir confier l'interprétation non seulement de marches, mais aussi de musiques plus ambitieuses, essentiellement des arrangements de fragments d'Opéras, ou des symphonies spécialement écrites pour eux. Beethoven, qui fut un maçon fervent, sinon assidu, l'utilise pour une petite marche d'allure maçonnique et surtout pour l'accompagnement de son Bundeslied op. 122, chant maçonnique rituel écrit sur un texte de F. Goethe. »[16]

À Paris et à Londres, dans les années 1750 et 1760, la clarinette est jouée dans les fanfares militaires ou en combinaison avec d'autres instruments à vent[17]. La sonorité percante du registre clairon lui permet de se faire entendre en plein air à la fois comme instrument champêtre et comme instrument militaire pour remplacer la petite trompette.

« La clarinette est considérée comme l'élément vital de chaque orchestre militaire et comme un instrument indispensable [sic.] aux autres instruments à vent dans les concerts, où ses sons, judicieusement gérés, sont plus exaltants et animateurs que n'importe quel autre instrument. »

— Ouvrage anonyme « Compleat Instuctions (sic.) for the Clarinet » (ca. 1781)[17]

Clarinette d'amour[modifier | modifier le code]

À partir des années 1740, on voit apparaître une clarinette à la tessiture plus grave, appelée « clarinette d'amour » doté d'un pavillon d'amour, de trois clefs et d'un bocal courbe. Ce pavillon est piriforme le plus souvent et sert de résonateur. Elle ne perdurera pas après l'invention de la clarinette moderne. Elle est accordée le plus souvent en sol. Sa perce est plus petite, lui conférant une sonorité plus chaude et retenue.

Clarinette à quatre clefs[modifier | modifier le code]

Clarinette à quatre clefs (collection Bate d'instruments de musique).

Vers 1760-1765, il est ajouté une quatrième clef qui permet de jouer le sol dièse grave et sa 12e, le ré dièse, inventée probablement en Allemagne[18],[19]. Cette innovation est généralement attribuée au facteur d'orgue de Brunswick, Barthold Fritze (1697-1766).

Le facteur allemand Johann Godfried Geist (naissance vers 1710/1720 — 1775) installé à Paris en 1750 est reconnu pour avoir fabriqué une clarinette « française » en à quatre clefs vers 1765 puis des clarinettes à 5 clés[18].

Cor de basset[modifier | modifier le code]

L'invention du cor de basset est attribuée à Anton et Johan Stadler vers 1770. Néanmoins les Mayrhofer de Passau, « inventeurs » autoproclamés, ont construit quatre instruments de type cors de basset courbes vers 1760 et n’étaient pas officiellement des facteurs d’instruments à vent (c'est-à-dire des tourneurs)[20].

Le cor de basset est la première clarinette « non droite » qui bénéficie du système de pavillon en métal (droit ou courbé). Les premiers modèles étaient de forme courbe et de tonalité mi, mi bémol ou ré. On retrouve ensuite des modèles en sol et en la. Sonnant une tierce en dessous de la clarinette en la, il est un instrument transpositeur en fa qui est la tonalité qui s'imposera au XIXe siècle.

Clarinette à cinq clefs[modifier | modifier le code]

Vers 1775, Johann Joseph Beer ajoute une cinquième clef[21],[22] qui permet de jouer le fa dièse et sa 12e, le do dièse.

Clarinette et corps de rechange démontés, en si bémol et la, August Grenser (Dresde, ca. 1790)

Toujours vers 1775, il est admis que le facteur parisien Michel Amlingue (1744-1816)[23] invente un système de corps de rechange avec des tenons, permettant au musicien d'orchestre de n’avoir plus besoin que de quatre tailles d’instruments (au lieu de sept) pour pouvoir jouer dans toutes les tonalités[24]. Par exemple, à partir d'une clarinette en si bémol, il est possible de «transformer» l'instrument en la en utilisant un corps de rechange s'adaptant au pavillon. On retrouve des systèmes analogues pour la famille des flûtes, et plus généralement la famille des bois.

Dans les années 1780, les concertos pour clarinette composés par Carl Stamitz et de Georg Friedrich Fuchs indiquent que cet instrument est devenu virtuose grâce aux améliorations apportes par les facteurs artisans (justesse, perce, trous d'harmonie, clétage…) et qu’il passe aisément du registre grave au registre aigu, sans pouvoir pour autant intégrer des passages chromatiques ou jouer dans toutes les tonalités.

Le Concerto pour clarinette de Mozart, pièce référence pour la clarinette, est composé en pour un prototype à cinq clefs modifié descendant jusqu’au do grave et conçu par le clarinettiste et ami Anton Stadler de la même loge maçonnique.

Le déploiement des musiques militaires au temps de la Révolution française généralise l'emploi de l'expression « les Clarinettes » pour désigner les formations musicales militaires.

« Le champ de Mars fut construit au son des Clarinettes. »

— Un auteur au temps de la Révolution.

Clarinette à cinq clefs Grenser & Wiesner (Allemagne, ca.1820).

Les clarinettes à cinq clés ont continué à être fabriquées en France pour les armées et en Allemagne en raison de leur coût réduit et leur simplicité d'apprentissage au début de XIXe siècle.

Clarinette à six clefs[modifier | modifier le code]

Jean-Xavier Lefèvre, premier professeur au Conservatoire de Paris, ajoute une sixième clef[25] permettant de jouer le do dièse et sa 12e, le sol dièse en . Cette sixième clef permet d'obtenir une échelle sonore complète pour la clarinette.

Sa Méthode de clarinette[26], parue en , a beaucoup de succès et est traduite en allemand et en italien.

Clarinette basse[modifier | modifier le code]

Le premier instrument assimilable à la clarinette basse apparait vers la fin du XVIIIe siècle avec un instrument en forme de basson construit par Heinrich Grenser (1793)[27].

Clarinette alto[modifier | modifier le code]

Clarinette de basset, ca. 1800 (conservée au Musée des Arts et Métiers de Hambourg).

L'invention de la clarinette alto (en fa) a été attribuée aux travaux communs d'Iwan Müller et d'Heinrich Grenser[28]. Müller jouait sur une clarinette alto en fa en 1809, avec seize clefs alors que les clarinettes soprano avaient moins de clefs à cette période.

Plus tard, avec la réforme des orchestres militaires entrepris par Adolphe Sax vers le milieu du XIXe siècle, la clarinette alto évoluera vers un instrument en mi bémol.

Clarinette contrebasse[modifier | modifier le code]

La famille des clarinettes continue à s'élargir : une clarinette contrebasse en si♭, appelée contrebasse guerrière, est inventée par l'orfèvre Dumas, de Sommières, au début du XIXe siècle. Il est discuté en 1811 à l'Académie des Beaux-arts de son usage dans les orchestres militaires en France pour des raisons esthétiques en réaction à l'introduction de la contrebasse à cordes à l'Opéra en 1732 par Montéclair et du trombone en 1773 par François-Joseph Gossec [29].

Clarinette à huit clefs[modifier | modifier le code]

Pour augmenter la vélocité de l'instrument, le facteur lyonnais Jacques François Simiot[30],[31] élabore une clarinette à huit clés et il lui ajoute un tuyau en métal dans le trou de la clé de douzième pour empêcher le bouchage et l’écoulement par le trou de la condensation de vapeur d’eau[32]; En 1803, il invente une clarinette révolutionnaire à 12 clés; en 1808, il publie le «Tableau explicatif des innovations et changements faits à la clarinette».

« Parmi les inconvénients inhérents à la construction de la clarinette, l'écoulement de la salive par le trou du pouce gauche est des plus désagréables; Simiot tenta d'y obvier par l'adjonction d'un tuyau saillant à l'intérieur. De même la clé de si b ou de clairon se trouvait facilement obstruée par la salive, à cause de la petitesse du trou. Notre ingénieux facteur y remédia par un mécanisme qui, en conservant au pouce la branche ou spatule actionnant cette clé, la faisait ouvrir en dessus du corps de l'instrument, tandis qu'elle ne s'ouvrait ordinairement qu'en dessous. Ce système qu'un facteur belge nommé Albert a cru inventer longtemps après, donnait un si b plus sonore et une grande pureté à toute l'octave du clairon, en rendant impossible l'obturation accidentelle du tuyau d'âme. A la même époque Simiot construisait des clarinettes en ut avec corps de si b portant 10 coulisses et dont le corps des grandes clés se graduait dans tous les tons par une charnière mécanique. (Tableau explicatif des innovations et changements faits à la clarinette, par Simiot, facteur à Lyon in-f, enregistré à la bibliothèque impériale, 1808) »

— Constant Pierre, Les facteurs d'instruments de musique, p.302 (1893)[33]

Iwan Müller et la clarinette à treize clefs[modifier | modifier le code]

Clarinette en do selon le mo­dèle à treize clefs d'Iwan Müller, fabriquée par Lauriol à Bordeaux (1812). Clefs en pelle à sel.
Clarinette à treize clefs selon le modèle de Müller, avec des rouleaux sur les clefs d'auriculaire.

Le clarinettiste estonien Iwan Müller invente à Vienne en 1809 une clarinette à treize clefs offrant une meilleure justesse et permettant d'accéder plus facilement au registre suraigu et de passer avec moins de difficultés d'un registre à l'autre. Müller qualifie la clarinette à treize clés d' « omnitonique », en proposant de ne garder que le modèle en si bémol, afin que le musicien puisse jouer dans toutes les tonalités sans nécessité de changer d’instrument.

À la base de son invention, Iwan Müller étudie dès 1806 à repositionner les différents trous d'harmonie, en les perçant plus ou moins haut sur le corps, ce qui influence la qualité de la sonorité de l'instrument puis adjoint un système ingénieux de clés pour accéder à certains trous inaccessibles aux doigts qui peuvent être bouchés ou ouverts par des tampons. Les tampons sont améliorés et composés de laine recouverte le plus souvent de cuir alors qu’auparavant ils étaient en feutre. Ces nouveaux tampons étaient plus résistants et imperméables.

En dépit du refus du comité du conservatoire de Paris d'adopter cet instrument innovant en 1812 et également de la réticence des musiciens militaires[34], des musiciens comme Jean-Baptiste Gambaro en feront la promotion et cette clarinette sera adoptée par les solistes majeurs et les compositeurs comme Hector Berlioz dans sa Symphonie fantastique (1830) jusqu'à l'invention de la clarinette système Boehm à anneaux mobiles en 1839 par Hyacinthe Klosé et Louis Auguste Buffet.

« Grâce à la perfection de quelques mécanismes actuels, on peut exécuter aujourd’hui sur cet instrument presque toutes les trilles, presque tous les passages, et cela dans n’importe quel ton. C’est cette dernière faculté qui leur a valu le nom d’omnitonique. La clarinette en si bémol, par exemple, peut jouer dans tel ton que ce soit, bien que naturellement certains tons lui soient plus favorables. »

— Georges Kastner, Manuel général de musique militaire, Paris 1848, p. 375[35]

Des méthodes seront publiées pour accompagner l'apprentissage de la clarinette de Müller:

  • Iwan Müller, Méthode pour la nouvelle clarinette & clarinette-alto suivie de quelques observations à l'usage des facteurs de clarinettes. Dédiée avec autorisation royale à Sa Majesté George IV roi des royaumes unis de la Gde Bretagne et d'Irlande par Iwan Muller, auteur de la nouvelle clarinette et clarinette alto membre de la Société philharmonique de Londres, correspondant de la quatrième classe de l'Institut royal des Pays-Bas., Paris, Gambaro, , 124 p. (BNF 43171098, lire en ligne).
  • Claude-François Buteux, Méthode de clarinette d’après celle composée par Xavier Le Fèvre adoptée par le Conservatoire de Musique augmentée du mécanisme de l’instrument perfectionné par Ivan Muller et de morceaux gradués pour l'étude extraits des meilleurs auteurs. (Paris: F. Troupenas, 1836)[36].

En 1840, le facteur belge Eugène Albert améliore cette clarinette qui connaîtra un certain succès en Angleterre et aux États-Unis jusqu'à la seconde Guerre mondiale.

H. F. Kayser et la clarinette à douze clés en Allemagne[modifier | modifier le code]

En Allemagne du Nord et en Scandinavie, la clarinette à douze clés était plus populaire au dela des années 1830 que la clarinette d'Iwan Müller à treize clés qui, elle, se diffuse largement en France après 1820[37]. Un des facteurs les plus célèbres de ces clarinettes à 12 clés est Heinrich Friedrich Kayser (1809-1890) installé à Hambourg avec des guides pour clés d'une grande finesse[38].

Autres évolutions[modifier | modifier le code]

La clarinette a continué à évoluer au XIXe siècle et XXe siècle; de nombreuses innovations ont été apportées par les facteurs, musiciens et inventeurs qui soit ont été intégrées aux modèles prédominants ou soit n'ont pas rencontré l'adhésion des musiciens (coûts, poids, complexité, fragilité, matériau).

La clarinette en métal apparait probablement en France avant [39] fabriquée par M. Asté, dit Hallari, sous le nom de Clairon-Métallique et qu'il brevète en 1821.

Néanmoins la clarinette à six clés reste courante sous le Premier Empire (on dénombre 1000 clarinettes dans les armées de Napoléon) et sera fabriquée longtemps car elle est meilleur marché que celle à treize clefs; les clarinettistes militaires resteront longtemps formés avec la clarinette à 6 clés dans la première moitié du XIXe siècle, la pratique de la clarinette omnitonique à treize clés d’Iwan Müller n’étant pas encore très répandue.

Le retournement du bec[modifier | modifier le code]

Juste avant 1800, certains clarinettistes, d'abord en Allemagne et en Autriche, s'essaient à retourner le bec de manière que l’anche se pose sur la lèvre inférieure. Il en résulte une meilleure stabilité sonore et un meilleur contrôle de l'embouchure, notamment au niveau du détaché. Ce changement s'opère lentement à travers l'Europe en fonction des voyages des musiciens et de la résistance à évoluer. En 1831, Frédéric Berr est nommé professeur de clarinette au Conservatoire de Paris, où il impose l'usage allemand de l'anche en dessous.

La ligature en métal[modifier | modifier le code]

Parmi ses innovations, Iwan Müller propose de fixer l’anche sur le bec à l’aide d’une ligature en métal plus pratique que la cordelette.

Les rouleaux de clefs[modifier | modifier le code]

Les rouleaux pour faciliter le glissement du petit doigt d’une clé à l’autre sont le fruit d'une invention du clarinettiste français César Janssen vers et ont été présentés à l'exposition de Paris en . Cette invention a été assez rapidement adaptée à la clarinette à treize clés de Müller. Cette invention a ensuite été abandonnée sur les clarinettes en système Boehm mais s'est maintenue sur celles en système allemand (système Oehler, système Boehm réformé …) et également sur d'autres instruments comme le saxophone ou le basson.

Du buis vers l'ébène[modifier | modifier le code]

Différents modèles de repose-pouces de clarinette ancienne : sans (à gauche), en bois, en métal.

À partir de 1828, les facteurs passeront progressivement à la fabrication de clarinette en bois de buis (ou en bois de fruitier comme le poirier, ou en cèdre) à celle en bois d'ébène et plus rarement de palissandre, bois exotiques dont les propriétés mécaniques correspondent à cet instrument et qui sont moins sujets à la fente. À partir de 1830, l'accroissement significatif du poids de l'instrument lié à la densité de l'ébène et au nombre accru de clés nécessitera l'usage d'un repose-pouce taillé dans la masse ou vissé sur le corps du bas, jusqu'alors d'usage confidentiel et réservé aux clarinettes en buis de qualité[40]. L'emploi du repose-pouce a d'abord percé en Allemagne et en Angleterre, bien qu'Iwan Müller proposait déjà un repose-pouce vissé avec sa clarinette à 13 clefs. Hyacinthe Klosé généralisera plus tard son emploi en France avec la clarinette système Boehm 17 clés-6 anneaux en ébène.

La clarinette en ébène représente alors les signes de la modernité et de l'aboutissement de cet instrument. Son prix élevé la réservera aux musiciens professionnels ou fortunés et aux militaires. Par opposition, la clarinette en buis restera employée par les musiciens populaires jusqu’en 1914[40].

Influence des compositeurs sur l'évolution technique de la clarinette[modifier | modifier le code]

« La période la plus significative et la plus importante de l'activité musicale pour la clarinette se situe entre 1760 et 1830, au cours de laquelle trois développements importants se sont produits. Premièrement, les styles de composition classique et romantique précoce se sont développés ; deuxièmement, un langage orchestral moderne est apparu ; et troisièmement, les compositeurs, les interprètes et les facteurs ont cultivé les capacités techniques et tonales de la clarinette. Des interprètes exceptionnels ont souvent stimulé l'imagination musicale des compositeurs, comme Gaspard Procksch et Johann Stamitz ; Josef Beer et Carl Stamitz ; Anton Stadler et Mozart ; Johann Hermstedt et Spohr ; Heinrich Baermann et Weber ; et Joseph Bähr ou Joseph Friedlowsky et Beethoven. À leur tour, les facteurs et les musiciens ont apporté des clés supplémentaires, des modifications de conception et des changements de facture à la clarinette. »

— Albert R. Rice, The Clarinet in the Classical Period (2003), p.197[41]

« La plus grande contribution de Beethoven à la littérature pour clarinette est sa musique orchestrale. Dans ses neuf symphonies, il a donné à l'instrument des solos lyriques mémorables et des passages techniquement habiles, et l'a associé, généralement avec le basson ou le cor, pour former des couleurs sonores orchestrales distinctives. Les solos sont devenus plus fréquents et plus importants à partir de la troisième symphonie en mi bémol majeur, "Eroica" (1804), avec des parties pour la clarinette en si bémol. Le mouvement lent de la Quatrième Symphonie (1806) comporte de longs solos cantabile - une nouvelle texture. Les œuvres précédentes comportaient des clarinettes par paires. Dans les symphonies ultérieures, telles que la Sixième (1809) et la Huitième (1812), Beethoven exige un plus grand contrôle des ressources dynamiques et tonales, en particulier dans le registre de la clarinette. L'écriture de Beethoven dans le Menuet de la Huitième Symphonie témoigne de sa familiarité avec la clarinette. Ici, la clarinette flotte au-dessus d'un accompagnement de cors et de cordes sur une mélodie cantabile dans le deuxième registre, atteignant un sol aigu (sol5) pianissimo à la fin du solo. La flexibilité, l'étendue de la dynamique et la limite supérieure de sol aigu dans cette partie suggèrent l'influence du clarinettiste accompli Joseph Friedlowsky. Même avec cet exemple dans la Huitième Symphonie, des auteurs tels que Gottfried Weber (en) en 1829 recommandaient encore une limite supérieure de do (do5) ou de ré (ré5) aigu pour les musiciens d'orchestre[42]. »

Restauration et copies d'instruments historiques[modifier | modifier le code]

Bien qu'il soit possible de jouer et restorer des instruments anciens[43],[44], il s'avère souvent déconseillé de les utiliser pour des raisons de préservation (corrosion de la salive…), en particulier pour les modèles rares ou uniques. Il existe des facteurs de clarinettes qui proposent des copies d'instruments historiques, souvent présents uniquement dans des musées ou des collections privées. On citera:

Enseignement[modifier | modifier le code]

Il existe des classes de clarinette ancienne comme celles de:

Sources[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • « Clarinette-Histoire », sur Encyclopédie universalis, (consulté le ).
  • Guy Dangain, À propos de la clarinette, Gérard Billaudot, , 114 p. (EAN 979-0043935285).
  • Jean-Marc Fessard, L’évolution de la clarinette, Paris, Gérard Billaudot, , 104 p. (ISBN 979-10-91678-12-4, EAN 9790043091943) + CD.
  • Laura Warichet, Symbolisme musical : la clarinette, ou l'évocation du féminin au travers d’œuvres clés jalons du XIXe siècle, Faculté de philosophie, arts et lettres, Université catholique de Louvain, , 147 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Marion Weckerle, « Facture instrumentale et gestes : éléments pour la restitution historiquement informée du jeu de la clarinette en musique ancienne », Cahiers François Viète, série III no 6,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. William Rousselet et Denis Watel, Le Livre d’Or de la Clarinette Française, Association des Collectionneurs d’Instruments de Musique à Vent (ACIMV), coll. « Larigot N° XXIV, spécial », , 184 p..
  3. (en) Albert R. Rice, The Baroque Clarinet and Chalumeau, New York, NY, Oxford University Press, , 2e éd., 299 p. (ISBN 978-0-19-091670-1).
  4. (en) Heike Fricke, Catalogue of the Sir Nicholas Shackleton Collection : (Historic Musical Instruments in the Edinburgh University Collection), Édimbourg, EUCHMI, , 809 p. (ISBN 978-0-907635-58-1).
  5. « Clarinette Denner - aérophone », sur mim.be (consulté le ).
  6. « Clarinette : 3 - Œuvres majeures », sur universalis.fr (consulté le ).
  7. (en) Nicholas Shackleton, « The clarinet of Western art music. Organological history », sur Grove Music Online, Oxford University Press, (consulté le ).
  8. Dans une préface du concerto de Johann Stamitz, Peter Gradenwitz (de) indique qu'avant la mort de Stamitz en 1757, aucun concerto pour clarinette n'était connu mais cette affirmation est remise en cause de nos jours.
  9. Hans Oskar Koch, notice du CD Mannheimer Schule Vol.4, Kurpfälzisches Kammerorchester, CD Arte Nova 74321 37298 2, 1996.
  10. (en) Eric Hoeprich, The Clarinet, Yale University Press, , p. 351.
  11. (en) Colin Lawson, Mozart, Cambridge University Press, , p. 11.
  12. (en) « Clarinet, nominal pitch: D - Unknown maker - Circa 1740? », sur collections.ed.ac.uk (consulté le ).
  13. Jean-Marc Warszawski, « Majer Joseph Friedrich Bernhard Caspar 1689-1768 », sur musicologie.org, (consulté le ).
  14. (de) Joseph Friedrich Bernhard Caspar Majer, Museum musicum : Faksimile-Neudruck, herausgegeben von Heinz Becker, Cassel, Bärenreiter-Verlag, , 106 p. (BNF 43127860). « La partie instrumentale, qui occupe également la plus grande partie de l'espace, constitue sans aucun doute la véritable valeur de l'œuvre. En ce qui concerne l'ordre des instruments, il est remarquable que le chalumeau ne soit pas placé à côté de la clarinette, mais à côté de la flûte traversière en raison du doigté identique, de même que la clarinette apparaît à côté de la trompette. Évidemment, le doigté et l'esthétique tonale ont été les facteurs décisifs ici. L'ouvrage offre les premières illustrations et instructions de doigté pour la clarinette, encore peu utilisée à l'époque, et il convient de signaler à ce propos un passage de la préface selon lequel les instruments nouvellement inventés servaient moins à perfectionner la musique qu'à la diversifier. »
  15. Selon les sources, l'ajout de la troisième clef à la clarinette est attribué en 1740 au facteur d'orgue de Brunswick, Barthold Fritze (de) (1697-1766).
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

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